Sun Tzu: « l’art suprême de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combattre. »
Depuis 2020, la frontière entre la Pologne et la Biélorussie est devenue le théâtre d'une guerre hybride, impliquant des enjeux migratoires, politiques et humanitaires. Au cœur de ce conflit se trouve la question brûlante de l'émigration, utilisée comme une arme par les autorités biélorusses pour exercer des pressions sur la Pologne et l'Union européenne (UE). Cette situation complexe soulève des préoccupations majeures quant aux droits des migrants et à la sécurité régionale.
Alexandre Loukachenko, un homme dirigiste, ancien communiste, fermement attaché à l’URSS et à ses valeurs, ancien député du Conseil suprême de la République Biélorusse (1990) et président du groupe « Des communistes pour la démocratie » est élu en 1994 au second tour à 80% des voix. Puis, il sera réélu 2001, 2006, 2010, 2015 et 2020. En 2020, il est élu au premier tour avec 80,1% des voix, mais depuis des décennies la presse est muselée, les opposants assassinés et les libertés se font de plus en plus étroites, des observateurs nationaux affirment que celle-ci n’a pas été conforme aux normes internationales. En réponse à son élection des milliers de citoyens manifestent de manière pacifique dans la rue, mais ils seront très vite écartés suite aux violentes répressions du régime. Les chefs d'État de divers pays le félicitent pour son élection tandis que l’Union Européenne met en place des restrictions strictes, en conséquence de l’élection frauduleuse, de la répression brutale et de la poursuite pour violations des droits de l’homme.
Le président biélorusse a alors souhaité se venger des restrictions mises en place par l’UE, mais il n’a pas la puissance militaire nécessaire pour s’attaquer frontalement à l’OTAN et à ses alliés. Face aux sanctions de l'UE et des pays occidentaux, le régime de Loukachenko a choisi de recourir à une tactique inattendue : utiliser l'émigration comme une arme. Des milliers de migrants, principalement originaires du Moyen-Orient, ont été encouragés à se rendre en Biélorussie avec la promesse de franchir la frontière polonaise pour rejoindre l’UE. Ils ont été accueilli a l’aéroport de Minsk, on leur a délivré un visa puis acheminé vers la frontière polonaise sans avoir la possibilité de faire marche arrière. Cette manipulation cynique des flux migratoires a créé une crise humanitaire aux frontières polonaises.
La Pologne et l'UE ont qualifié cette situation d'« attaque hybride » et ont déployé des mesures pour sécuriser leurs frontières. Des barrières ont été érigées, des renforts policiers et militaires mobilisés, et des appels à la solidarité européenne ont été lancés. On note la mise en place de paquets de sanctions comprenant des restrictions d’exportations (voitures, technologie, etc...) et d’importations (hydrocarbure, la potasse, matières premières, etc...), en bloquant les transactions sur les réserves et avoir de la banque Centrale Biélorusse et en mettant en place des mesures individuelles contre plus de 200 individus du Belarus dont Loukachenko et son fils.Au cœur de ce conflit, ce sont les migrants qui souffrent le plus. Bloqués dans des conditions précaires entre la Pologne et la Biélorussie, ces individus sont devenus des pions dans un jeu politique plus vaste. Les organisations humanitaires dénoncent une situation désastreuse, appelant à des solutions respectueuses des droits de l'homme et de la dignité humaine. Des hommes, des femmes et bien souvent des enfants sont pris au piège dans cette prison à ciel ouvert, d’un kilomètre de large au maximum sur 470 km de long. Ils sont entassés, affamés, assoiffés, forcés à traverser la frontière et ses grillages, au rythme des balles des fusils semi-automatiques des autorités du Belarus. Quand ils arrivent à traverser la frontière c’est plus de 40 km de marche dans l'une des dernières forets primaires d’Europe, qui a été préalablement piégé par les polonais, mais c’est aussi des loups, des buffles, et une végétation aussi foisonnante que coupante.