Soixante-quinze ans d’Alliance Atlantique
Le 4 avril dernier, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) soufflait sa soixante-quinzième bougie. À l’origine, le traité de l’Atlantique Nord engageait les douze premiers États membres sur la voie d’une assistance mutuelle en cas de conflit ouvert dans le contexte de la Guerre froide (1947-1991). Depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, deux États se sentant particulièrement concernés par la menace russe ont rejoint l’OTAN ; la Finlande, le 4 avril 2023 et la Suède, dernière en date, le 7 mars dernier après que la Turquie et la Hongrie aient décidé de lever leur veto. L’arrivée de ces deux pays révèle à quel point l’Alliance constitue un élément de dissuasion face à Vladimir Poutine. Néanmoins, l’avenir de la collaboration se révèle incertain dans la mesure où Donald Trump menace de ne pas défendre les plus petits contribuables en cas d’offensive russe sur leur territoire. Les Pays Baltes, « étrangers proches » de la Russie, sont particulièrement visés par l’ex-président américain et principal candidat républicain en lice pour la Maison-Blanche.
Quel bilan faire pour l’OTAN à l’heure où les guerres russo-ukrainienne et Israël-Hamas rappellent à quel point les trente-deux doivent assurer leur sécurité collective dans un monde loin d’être pacifié ? Récit de soixante-quinze ans de coopération politico-militaire.
Genèse au cœur d’un monde bipolaire
Les conférences interalliées rassemblant les « trois Grands », ont élaboré le monde de l’après-guerre sur la base d’un consensus concernant les territoires des puissances vaincues et précédemment occupés par les forces de l’Axe. Cependant, cet idéal n’était, visiblement, pas du goût de Staline qui préférait favoriser une politique d’annexion et d’influence dans les territoires occupés par l’Armée rouge ensuite. Cette manœuvre donna le dernier coup de grâce à la Grande Alliance et mena à la construction d’une Europe divisée en deux blocs ; le bloc de l’Ouest sous impulsion étasunienne et le bloc de l’Est sous tutelle soviétique. Cette division politico-idéologique serait incarnée par ce que Winston Churchill appelait le « Rideau de fer » dans son discours à Fulton, le 5 mars 1946 en présence de Harry Truman. Dans cette atmosphère, le bloc de l’Ouest décide d’approfondir sa coopération politique, militaire et économique. Sur la base de l’« endiguement » [du communisme] élaboré par la doctrine Truman de mars 1947 et son application effective par le plan Marshall entrant en vigueur quelques mois après, les États-Unis et ses alliés se préparent à la mise en place de l’Alliance Atlantique. Dans cette optique, l’année 1948 fut particulièrement éloquente. Le traité de Bruxelles instituant une coopération politico-économique et une défense mutuelle entre le Royaume-Uni, la France, l’Italie, le Benelux et la République fédérale allemande (RFA) est signé le 17 mars 1948 et introduit l’Union occidentale. Du côté américain, les choses sont un peu plus complexes. En effet, les Américains, du fait de leur constitution, n’ont pas la possibilité de conclure une alliance militaire en temps de paix et restent bloqués dans leur isolationnisme historique. Le 11 juin 1948, le sénateur et président de la commission des relations extérieures du Sénat, Arthur Vandenberg, réussit à faire passer la résolution dite « Vandenberg » permettant aux États-Unis de s’engager dans une coopération militaire sans que le pays ne soit en conflit. Issu d’un courant politique historiquement isolationniste, le républicain a compris que la sécurité de son pays dépendait avant tout d’une Europe pacifiée. Une mentalité héritée de la Seconde Guerre mondiale et des discours du défunt Franklin Roosevelt avant même que la guerre ne soit déclarée aux Japonais le 8 décembre 1941.
Toutes les dispositions ont été prises du côté américain pour établir l’Alliance. D’autant plus que, du côté de l’Europe de l’Est, les Soviétiques favorisent la prolifération de démocraties populaires dont l’évolution idéologique est totalement soumise à Moscou après la création du Kominform rassemblant plusieurs partis communistes en 1947. Après, le coup de Prague de février 1948 qui fit vaciller la Tchécoslovaquie dans le communisme, et dans le contexte de la guerre civile grecque (1946-1949) opposant une guérilla communiste face à l’armée royale, en passant par le blocus de Berlin (1948-1949) ; il est évident que Staline a adopté une posture impérialiste en Europe. Ainsi, douze États rassemblés à Washington signent le traité de l’Atlantique Nord, le 4 avril 1949. Subséquemment, l’OTAN voit le jour et compte dans ses rangs : France, Royaume-Uni, Canada, Belgique, Danemark, États-Unis, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas et Portugal.
Le corps du traité de l’Atlantique nord ne mentionne aucun ennemi et son objectif est surtout de mettre en avant des valeurs défensives pour protéger les libéralismes politique et économique propres au bloc de l’Ouest. L’Organisation s’engage à « promouvoir les valeurs démocratiques et permet à ses membres de se consulter et de coopérer sur les questions de défense et de sécurité afin de résoudre les problèmes, d’instaurer la confiance et, à long terme, de prévenir les conflits. » ; dans sa dimension militaire, « L’OTAN est attachée à la résolution pacifique des différends. Si les efforts diplomatiques échouent, elle dispose de la puissance militaire nécessaire pour entreprendre des opérations. » La pierre angulaire de l’Alliance est son article 5 disposant qu’une partie attaquée doit être assistée par les autres grâce aux moyens qu’elles jugeront nécessaire [dont la force armée] conformément à un accord trouvé entre elles et à l’article 51 de la Charte des Nations Unies reconnaissant le droit à la légitime défense, individuelle ou collective.
L’OTAN est une organisation singulière puisque les États membres ont prévu l’existence de deux comités permettant d’assurer leurs objectifs politiques et militaires de façon distincte. Sont créés le Conseil de l’Atlantique nord (CAN) pour le politique et le comité intergouvernemental de défense pour l’aspect militaire de l’organisation.
L’institutionnalisation des ambitions politico-militaires de l’Alliance s’inscrit dans une période où les relations entre les deux blocs sont les plus tendues de toute la période 1947-1991. Et où la course au nucléaire est l’objectif prééminent des deux superpuissances. Cette période est celle de la « Guerre froide totale » et est marquée par différents événements démontrant que l’enjeu essentiel des États-Unis est d’affirmer leur supériorité sur l’Union soviétique qui, quant à elle, cherche à rééquilibrer les rapports de puissance qui lui sont défavorables jusqu’en 1949. Deux événements ont particulièrement justifié le caractère « totale » de la Guerre froide à ce moment-là. Premièrement, l’URSS parvient à rattraper Washington sur le plan stratégique en devenant le deuxième pays à se doter de l’arme atomique. Le 29 août 1949, six ans après le lancement du programme nucléaire soviétique, le régime communiste voit le projet « Premier éclair » réussir grâce à l’explosion de la première bombe à fission soviétique à Semipalatinsk. Cet événement entame le début d’une confrontation scientifique et stratégique entre les deux plus grandes puissances de l’époque. Cela va aussi permettre d’introduire la dissuasion nucléaire qui sera approfondie grâce aux améliorations qualitatives et quantitatives de l’arme atomique par la suite. Le deuxième cataclysme affectant l’équilibre mondial est l’invasion de la Corée du Sud par l’Armée populaire de Corée, le 25 juin 1950. Cette décision prise par le dirigeant nord-coréen Kim Il-Sung fait prendre conscience à l’Alliance atlantique et aux Étasuniens a fortiori, que le communisme représente un fléau qui cherche à progresser même en dehors de l’Europe. Face aux coups de force des États communistes, les Alliés décident de transformer le Conseil de l’Atlantique nord en un organe où siègent les représentants de chaque pays membre et créent trois commandements militaires pour l’Europe (ACE), la zone Atlantique (ACLANT) et la Méditerranée constituant l’organisation militaire intégrée. Le premier commandant de l’ACE est le général Dwight D. Eisenhower dont le quartier général (SHAPE) se trouve en France. Ces entreprises témoignent du fait que l’OTAN n’est formellement créée qu’en 1951 et non pas dès la signature du traité de 1949 et apparaitrait ainsi comme un outil dont les deux usages primordiaux sont d’empêcher la progression territoriale du communisme et de venir en aide à un État membre qui se verrait attaqué par l’un des ennemis idéologiques du libéralisme.
Malgré des exercices militaires réalisés conjointement par les États membres et des guerres impliquant certains signataires du traité de l’Atlantique nord comme la France ou les États-Unis, aucune opération n’a été menée dans le cadre de l’OTAN durant la Guerre froide.
L’OTAN après la Guerre de Corée : entre approfondissement et dissensions
Après 1953, l’organisation continue d’approfondir son intégration politique et militaire. Elle met en place un système inédit de planification visant à conformer les politiques de défense nationale des États membres aux besoins et exigences de l’OTAN. Des questionnaires permettant d’apprécier la conformité des plans nationaux sont envoyés chaque année à chacun des membres. S’il s’avère qu’un État ne répond pas aux objectifs de l’Alliance, alors ce dernier est invité à revoir sa politique et à prendre les dispositions nécessaires après concertation avec le secrétariat général, différents États membres et le SHAPE.
En ce qui concerne les organes décisionnels de l’OTAN, l’influence du secrétaire général y est particulièrement importante. Le fait que le mandataire ait la possibilité d’introduire différents sujets à l’agenda politique de l’organisation et les différentes réformes institutionnelles que les titulaires successifs ont pu mettre en place sont particulièrement éloquents quant au prestige du personnage incarnant le pouvoir politique de fait. La désignation du titulaire du poste est informelle dans la mesure où elle ne repose sur aucune procédure électorale directe ou indirecte. En effet, le secrétariat général de l’Alliance est choisi sur la base d’un consensus et a toujours été Européen et issu du monde diplomatique.
Conformément à la nature de l’organisation, il existe également un leader militaire. Le commandant suprême de l’Alliance atlantique est le chef du Comité militaire et supervise les opérations militaires. Ce poste a toujours été détenu par des personnalités étasuniennes telles que le général et pas encore président des États-Unis Dwight D. Eisenhower ou d’autres figures de l’État-major américain comme Matthew Ridgway connu pour la controverse « Ridgway la peste » entretenue par le Parti communiste français (PCF) lors de sa venue à Paris durant la Guerre de Corée (1950-1953).
Malgré une coopération de plus en plus importante, les désaccords au sein de l’Alliance n’ont pas manqué de marquer son histoire, et ce, avant même la création de l’organisation. Les premiers désaccords se manifestent notamment sur l’inadéquation entre le discours, notamment américain, de défense des valeurs portées par les États fondateurs et le réel.
À l’origine, le traité de l’Atlantique nord fut signé dans le but d’apporter une aide à l’Europe par une intégration politique et militaire dans le contexte de la Guerre froide. L’essentiel est de défendre un certain nombre de valeurs constituant le corps idéologique des différents signataires dans le cadre d’une organisation plus ambitieuse qu’une coopération militaire lambda. Cette volonté de préserver la démocratie, l’État de droit et l’économie de marché n’est pas sans rappeler les principes fondateurs de la Grande alliance comprise comme l’alliance rassemblant les États-Unis de Roosevelt, la Grande-Bretagne et son empire sous Churchill puis la France libre du général De Gaulle. À l’instar des relations entre les Étasuniens et les Britanniques d’un côté et la France libre de l’autre, la genèse de l’Alliance atlantique a été marquée par un manque de confiance de la part des premiers envers la seconde. La France s’était retrouvée mise à l’écart des négociations pour l’élaboration du traité de Washington du fait du poids électoral et institutionnel du PCF au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Le gouvernement canadien de Louis St-Laurant protestait fermement contre la présence du Portugal salazariste parmi les États fondateurs de l’OTAN. Le régime autoritaire et ultraconservateur d’Antonio de Oliveira Salazar n’était pas reconnu pour défendre l’État de droit, la démocratie et le libéralisme sur lesquels les membres de l’Alliance prêtèrent serment en 1949. Les partisans de l’intégration de Lisbonne à l’organisation se défendent en affirmant que le pays est en totale adéquation avec les principes idéologiques inhérents à l’Alliance puisque Salazar n’est pas le chef d’un État totalitaire et a été élu sur la base du consentement des citoyens portugais. En 1952, les adhésions grecque et turque s’inscrivent dans la même logique. Dans chacun des cas cités, la cohésion face à l’Union soviétique et ses intermédiaires l’emporte sur les désaccords. Le seul pays qui a vu son adhésion refusée en vertu des valeurs fondatrices de l’alliance est l’Espagne franquiste considérée comme fasciste. L’admission du régime de Franco au sein des rangs de l’OTAN a néanmoins été portée par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis en tête. Même si Madrid essuie un échec d’adhésion, un traité est passé avec les États-Unis en 1953 qui permet à Washington de poster des bases aéronavales en Espagne contre une aide économique. L’Espagne intègre l’organisation transatlantique en 1982, sept ans après la mort de Franco.
La volonté plus ou moins marquée de défendre les intérêts idéologiques de l’Alliance, laisse penser que la coopération serait davantage stratégique plutôt qu’idéologique. Le grand point d’accord général se trouve dans la nécessité de s’allier militairement face à la menace rouge.
De façon un peu plus concrète, les tensions entre États membres sont aussi marquées par plusieurs différends européens notamment. Les Européens désireux de voir une présence américaine accrue sur leur sol, sont dans l’obligation d’accroître leur puissance militaire, et ce, même les Allemands. Le Plan Pleven est alors imaginé par Jean Monnet, commissaire au plan et son équipe en 1950. Il consiste en la création d’une armée européenne dont le commandement serait assuré par une autorité supranationale placée sous l’égide du commandement intégré de l’OTAN, ce qui empêche toute indépendance militaire de l’Europe. Les oppositions n’empêchent pas la signature du traité de la Communauté européenne de défense (CED) en mai 1952 mais celui-ci n’entrera jamais en vigueur à cause d’une opposition gaulliste et communiste. Les deux forces politiques refusent le réarmement militaire de la RFA en mobilisant le souvenir du nazisme mais cachent par là des intérêts bien plus individuels. Les premiers rejettent le projet en vertu de la souveraineté française et récusent toute Europe supranationale. Les seconds restent encore fortement alignés sur les directives du Kremlin. Parallèlement, les Français sont davantage préoccupés par la question indochinoise. Par conséquent, le réarmement allemand sera permis par l’Union de l’Europe occidentale (UEO) qui octroie la possibilité aux Allemands de reconstituer leur propre armée. La RFA intègre l’OTAN en 1955 mais devait préalablement accepter qu’elle ne puisse pas se lancer dans la production de l’arme atomique. Cependant, l’UEO ne remplace pas l’armée européenne qui avait été évoquée précédemment.
La problématique nucléaire est aussi un élément de discorde dès lors que les pays où sont stationnées armes de dissuasion nucléaire étasuniennes revendiquent un droit de contrôle sur celles-ci pour que l’initiative d’une potentielle guerre nucléaire revienne au Conseil de l’Atlantique nord. Ce projet est mis sur pied pour éviter que l’Allemagne de l’Ouest ne développe sa propre arme atomique.
L’événement le plus marquant illustrant les désaccords entre États membres découle de la perception française d’une organisation internationale dominée par les Américains et les Britanniques. Charles De Gaulle, président de la République française depuis 1959, exigeait que la France face partie des pays décisionnels à côté de la Grande-Bretagne et des États-Unis. Il souhaite également le développement de relations préférentielles entre l’OTAN et l’Afrique du Nord voire que l’organisation s’y étende géographiquement. Ces demandes françaises se heurtent à une opposition germano-italienne refusant de faire partie d’une organisation internationale où l’Allemagne et l’Italie souffriraient d’un leadership des « trois grands ». En ce qui concerne les revendications africaines du général De Gaulle, les États-Unis s’y opposent en invoquant la nécessité essentielle qui est de lutter contre le communisme. L’absence de réforme et de réponse favorable aux exigences françaises, conduit au départ de la France du commandement militaire intégré de l’OTAN en 1966. Cette décision s’inscrit également dans un contexte où les États-Unis ont décidé de changer de doctrine nucléaire après la crise des missiles de Cuba de 1962. Ils passent de la doctrine des représailles massives à celle des représailles graduées qui ne permettrait pas de défendre l’Europe en cas de conflit, selon le président français. De Gaulle estime également que la France doit développer sa propre ligne diplomatique en s’émancipant du giron anglo-saxon. Nonobstant, la France ne renonce pas à sa signature du traité de Washington. Ce retrait français implique le départ des bases militaires et des troupes de l’Alliance du territoire hexagonal puis le transfert de ces éléments vers la Belgique.
Cette décision introduit une longue série d’éléments qui questionnent l’existence même de l’Alliance intervenant à partir du début de la Détente. Le Sénat américain plaide en faveur d’une réduction du budget alloué par Washington pour l’OTAN en Europe dans un contexte où les Britanniques ont du mal à justifier de tels montants. Depuis la résolution de la crise des missiles de Cuba et l’amenuisement des tensions entre la RFA et la RDA par la mise en place de l’Ostpolitik par Willy Brandt, l’organisation se vide de toute raison d’être. Ce à quoi s’ajoutent des tensions entre les Alliés concernant la position à prendre face à l’invasion de Chypre par la Turquie en 1974 mais aussi en ce qui concerne les accords SALT I et II de 1972 et de 1979. Sans oublier la crise des euromissiles (1977-1987) dans un contexte où la société civile européenne exige une pacification des relations européo-soviétiques.
L’Alliance dans les années 1990 et 2000 : renouveau et coups de force
Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin s’écroule. L’Allemagne est réunifiée un an après par l’intégration de la RDA à la RFA. L’année suivante, le 26 décembre 1991, l’Union soviétique implose et donne naissance à quinze États souverains qui adoptent le libéralisme comme modèle économique et la démocratie libérale comme modèle politique pour certains. Les valeurs portées par les États-Unis et le bloc de l’Ouest dans l’ensemble avaient fini par triompher sur le communisme et les régimes politiques à parti unique. Alors que Francis Fukuyama prophétisait la « fin de l’histoire » marquée par l’avènement de l’idéal libéral et démocratique, quel avenir se profile pour l’OTAN ? Le Pacte de Varsovie, principal rival de l’Alliance, est dissout le 1er juillet 1991 parallèlement au délitement du glacis des démocraties populaires et de l’URSS. En revanche, une chose est sûre pour les défenseurs de la coopération transatlantique : l’organisation doit continuer d’exister malgré la multipolarisation du monde et la disparition de l’ennemi soviétique. D’autres considèrent que la pérennité de l’Alliance est futile et que les États-Unis devraient quitter le sol européen. Pour comprendre l’intérêt du maintien de l’OTAN, ses partisans utilisent l’argument idéologique. Fondamentalement, l’Alliance atlantique serait aussi et avant tout une organisation politique visant à se rassembler autour d’une communauté de valeurs institutionnalisée depuis le début des années 1950. L’OTAN serait aussi le vecteur d’une entente solide et durable entre le Vieux Continent et l’Amérique du Nord. Par ailleurs, la nécessité de maintenir cette coopération politico-militaire se trouve dans un élargissement officieux et dans la réussite d’un des objectifs essentiels de l’organisation pendant la Guerre froide. Même si les États signataires n’avaient prévu aucune nouvelle intégration, la réunification de la République fédérale allemande conduit à l’intégration de la RDA de facto. Les pays occidentaux soucieux d’empêcher le développement d’une politique de défense indépendante allemande, sont parvenus à remplir cet objectif en intégrant l’ensemble du territoire allemand dans l’Alliance.
Les occidentaux ont préféré une politique d’adaptation aux nouvelles circonstances plutôt qu’une dissolution. Depuis 1977, les membres avaient pour obligation d’allouer 3 % de leur PIB à la défense. En mai 1990, les différents ministres de la Défense prennent en considération les bouleversements internationaux de leur temps et décident de la suppression de la norme qui prévalait jusqu’alors. Ainsi, le budget doit être proportionnel aux capacités de chaque État. Aussi, 80 % de l’armement nucléaire d’Europe de l’Ouest doit être abandonné au profit des nouvelles réalités stratégiques. Cette réduction n’a pas pour vocation à être totale tant les membres de l’organisation veulent en garder un nombre suffisant pour garantir la sécurité et la paix en Europe.
Concernant les ex-membres du Pacte de Varsovie, ils ne sont plus reconnus comme des ennemis. En conséquence, l’alliance est possible si ce n’est encouragée avec ces derniers. Cette ouverture aux anciennes composantes de l’Europe de l’Est socialiste est évoquée lors du sommet de Londres en juillet 1990. Cette rencontre est le lieu où le terme d’ « Alliance de l’Atlantique nord rénovée » est utilisé pour donner un nouvel élan à une communauté dont les relations doivent avant tout être fondées sur la confiance et l’intérêt général. Finalement, l’OTAN garde son identité politique historique tout en rénovant ses capacités militaires sur fond d’ouverture au monde dont elle se protégeait avant la fin de la Guerre froide.
Comme dit précédemment, l’OTAN n’a jamais eu besoin d’utiliser son article 5 durant la période bipolaire. Ce n’est qu’après la Guerre froide que l’OTAN fait usage de la force pour mettre un terme aux attaques perpétrées par la République serbe. Pour cette raison, les opérations Maritime Monitor, Sky Monitor, Maritime Guard, Deny Flight, Sharp Guard, Deliberate Force, Joint Endeavour, Joint Guard et Joint Forge ont été réalisées de 1992 à 2004 dans les territoires d’ex-Yougoslavie et en mer Adriatique. Les opérations ont été menées sous l’égide de l’Alliance dans l’optique d’instaurer et d’assurer la fin des combats interethniques entre Bosniaques et Serbes et pour sécuriser les positions onusiennes en Bosnie. La fin des hostilités est assurée par la signature des accords de Dayton à Paris en 1995 entre la République fédérale de Yougoslavie, la République fédérale de Bosnie-Herzégovine et la République de Croatie.
La campagne aérienne Force alliée au Kosovo est aussi un des coups de force majeurs qu’a pu entreprendre l’OTAN. Cette opération militaire est lancée dans le contexte de la guerre du Kosovo à la suite des massacres perpétrés à l’égard de la population albanophone du Kosovo par la police serbe aux ordres de Slobodan Milosevic, président de la République fédérale de Yougoslavie. La manœuvre militaire a duré soixante-dix-huit jours – du 23 mars au 10 juin 1999 – et visait essentiellement des bâtiments militaires et décisionnels vitaux pour les opérations serbes. Selon l’ONG Human Rights Watch, quatre cent à cinq cent personnes ont péri dans les bombardements alliés. L’événement le plus meurtrier fut sans doute le bombardement de l’immeuble de la Radio-télévision de Serbie à Belgrade où seize personnes perdirent la vie. Suite à l’opération aérienne, le traité de Kumanovo est signé et met un terme à la guerre le 10 juin 1999. Cet accord est aujourd’hui assuré par l’application de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies et la présence des troupes de la Force pour le Kosovo (KFOR) prêtant allégeance à l’ONU et à l’OTAN.
L’Alliance Atlantique joua également un rôle prépondérant après les attentats du 11 septembre 2001. L’attaque terroriste conduite par Al-Qaïda a provoqué la toute première invocation de l’article 5 du traité de l’Atlantique nord. Cet épisode considéré comme l’un des événements les plus tragiques de l’histoire des États-Unis fit basculer l’Occident dans une guerre contre le terrorisme. Dans ce conflit, l’OTAN est appelée à intervenir via l’envoi de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) visant à maintenir la paix et la sécurité en Afghanistan. L’intervention atlantique et de ses alliés est permise par la résolution 1386 des Nations unies qui mena à la chute des Talibans et à l’instauration d’un gouvernement provisoire emmené par Hamid Karzai par suite des accords de Bonn (2001). Les troupes alliées transfèrent progressivement le maintien de la sécurité aux forces afghanes à partir de 2011 pour lever les voiles du territoire afghan en 2014.
En même temps, l’Alliance de l’Atlantique nord apporte une aide humanitaire aux autorités pakistanaises après le séisme de 2005 dans le Cachemire. Cet événement octroie de nouvelles responsabilités à l’organisation qui envoya plus de 3 500 tonnes de matériel médical et des médecins sous bannière internationale au Pakistan.
Les forces internationales de l’OTAN sont aussi intervenues en Mer Rouge et dans l’Océan Indien pour faire face à la piraterie de plus en plus importante au large du continent africain. L’opération navale de contre-piraterie Ocean Shield commence en 2009 pour prendre fin en 2016.
En mars 2011, l’ONU autorise une intervention militaire internationale devant mener à bien l’opération Unified Protector dans le cadre de la guerre civile libyenne et du Printemps arabe. L’objectif était de protéger les populations civiles dans le territoire de la République arabe de Libye dirigée par Mouammar Kadhafi depuis 1977. Au lendemain de la mort du président libyen, les troupes atlantiques se retirent, non pas sans polémique ultérieure.
Les différents théâtres où l’OTAN a pu intervenir illustrent bel et bien que, malgré la fin de la Guerre froide, l’organisation a su s’adapter aux nouvelles réalités de la multipolarisation du monde après 1991. Contrairement à ce que prévoyaient les détracteurs de l’Alliance, cette dernière a acquis de nouvelles prérogatives dans un contexte international qui n’a pas manqué d’être touché par des menaces auxquelles le monde était inaccoutumé. Le rôle majeur que joue l’OTAN dans la stabilité des relations internationales ne cesse d’être démontré dans le cadre des événements en Turquie de 2015 sans oublier l’envoi de formateurs en Afghanistan durant l’année 2021.
L’OTAN a l’épreuve de la Guerre en Ukraine
Pour comprendre la place de l’OTAN dans le conflit interétatique entre Moscou et Kiev qui fait rage aux frontières de l’UE, il s’agira dans un premier temps d’analyser l’évolution des relations entre l’Alliance et la Russie depuis la chute de l’Union soviétique.
L’élargissement géographique de l’Alliance et son intervention au Kosovo dans les années 1990 sans l’accord du Kremlin fait grincer des dents les autorités russes. Malgré ces éléments, Vladimir Poutine, fraîchement arrivée à la tête de la République fédérale russe, s’engage sur la voie de la normalisation des relations avec l’Alliance atlantique. Ce rapprochement russo-atlantique est l’objet de la déclaration de Rome (2002) qui accouchera du Conseil OTAN-Russie (COR) et d’une extension géographique progressive de l’organisation vers l’Est de l’Europe. Dès 1999, la Tchéquie, la Hongrie et la Pologne rejoignent les rangs de l’Alliance atlantique. En 2004, c’est au tour de la Bulgarie, des Pays-Baltes, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la Slovénie d’intégrer l’Alliance. Cette entreprise ne manquera pas d’être condamnée par les responsables diplomatiques et le président russes tout au long des années 2000. La Russie apportera tout de même une aide logistique aux opérations atlantiques en territoire afghan à partir de 2002 dans le cadre de la lutte commune contre le terrorisme. Cet apport russe s’interrompt néanmoins en 2008 dès lors que Moscou se lance dans une action militaire en Géorgie en soutien à l’Ossétie du Sud séparatiste. Quoi qu’il en soit, le pouvoir russe considère que le développement territorial occidental vers ses « étrangers proches » est un véritable casus belli.
La politique étrangère russe est conditionnée à demeurer de plus en plus hostile à l’Occident à partir de la « révolution Orange » de 2004 en Ukraine qui rassembla des milliers de manifestants dans les rues de Kiev. Ces protestations populaires prennent place pour contester les résultats du deuxième tour des élections présidentielles perçus comme truquées par les manœuvres du gouvernement prorusse Ianoukovytch I soutenu par Moscou. Les manifestations dont le principal organisateur est le deuxième candidat en lice, Viktor Iouchtchenko, prennent un tournant pro-occidental et exigent un rapprochement entre l’Ukraine et l’Europe. Le candidat pour l’ouverture à l’Europe et à la démocratie, prend ses fonctions le 23 janvier 2005. Le mandat de Iouchtchenko est marqué par une impopularité record du fait de l’échec dans la sortie de la crise économique de 2008 et d’une « russophobie » dont il est accusé dans un pays fortement divisé politiquement entre l’Est et l’Ouest. Malgré l’absence de soutien, le parti « Notre Ukraine » mené par l’ex-président pro-européen a réussi à entreprendre des avancées notables vers l’État de droit et le rapprochement avec l’Union européenne et l’OTAN. Les bases formelles de la démocratie libérale se sont installées lors de son mandat, observent plusieurs spécialistes. Cette démocratisation ukrainienne se manifeste à l’occasion des élections législatives de 2007 et de 2009 selon plusieurs politistes. Concurremment, l’UE s’est occupée de verser une aide financière au régime pro-occidental en échange de la mise en place d’une économie de marché et d’un État de droit probant. Toujours est-il que l’Ukraine n’adhère ni à l’UE ni à l’OTAN malgré l’engagement des négociations entreprises par le président ukrainien d’alors. L’opinion publique ukrainienne était bien trop disparate pour imaginer quelque chose d’aussi ambitieux. En 2010, Viktor Ianoukovitch est élu président en portant un projet aux antipodes de son prédécesseur. La politique du prorusse va le mener à refuser la signature de l’accord d’association ukraino-européen en 2013 ce qui déclencha la Révolution Maïdan provoquant sa chute et sa fuite vers la Russie. Il est alors normal d’imaginer que la perception russe d’un Occident de plus en plus agressif face à la Russie trouve ses origines dans les années 2000 et surtout lors du commencement de la révolution Orange qui concrétisa le rapprochement entre l’Europe et l’Ukraine. Cette entente entre son « étranger proche » le plus proche et son rival de toujours apparaît alors intolérable. La rupture de la coopération entre l’organisation transatlantique et la Russie fédérale est consacrée en 2014 en conséquence de l’annexion de la Crimée par les forces russes faisant suite à l’Euromaïdan et la proclamation des Républiques séparatistes de Lougansk et de Donetsk. Les relations entre Moscou et Bruxelles se dégradent pour atteindre un point de non-retour. Cela favorise un partenariat stratégique entre Vladimir Poutine et Xi-Jinping s’illustrant à travers les ventes d’armes russes vers la Chine et les manœuvres conjointement menées à partir de 2015.
Le déclenchement de la guerre en Ukraine par l’invasion russe du territoire ukrainien menée le 24 février 2022 s’inscrit dans la continuité de l’histoire des relations russo-occidentales et ukraino-atlantiques. Cette invasion n’est pas une surprise pour bon nombre d’acteurs internationaux car Vladimir Poutine avait officiellement reconnu les Républiques populaires du Donbass par la signature des décrets de reconnaissance desdites républiques séparatistes le 21 février 2022. Cette manœuvre entreprise unilatéralement par le président russe doit servir de prétexte à l’invasion qui se tiendra trois jours après. Elles seront annexées avec les oblasts de Kherson et de Zaporijia par Moscou suite aux référendums organisés par l’armée russe en septembre de la même année. Le discours officiel du Kremlin justifie l’ « opération spéciale » par la nécessité d’un soutien aux populations russophones persécutées par les autorités ukrainiennes et d’une « dénazification » du territoire ukrainien. Ces propos ne sont pas sans rappeler la mémoire de la Grande guerre patriotique (1941-1945) qui se clôtura par la défaite du IIIe Reich. Toujours est-il que la Russie se dédouane de toute responsabilité dans le déclenchement de la guerre. En effet, la diplomatie russe tient l’Occident pour seul responsable du conflit qui oppose les armées conventionnelles de Russie et d’Ukraine. L’OTAN a condamné l’agression russe et apporte un soutien sans précédent à l’Ukraine qui peut, par conséquent, exercer son droit fondamental de légitime défense. En plus de son aide matérielle, l’Alliance atlantique a réaffirmé les propos tenus lors du sommet de Bucarest de 2008. L’Alliance atlantique nord considérait encore lors du sommet de Vilnius de 2023 que « l’Ukraine deviendrait membre de l’OTAN, quand ils [les Alliés] l’auraient décidé et que les conditions seraient réunies. » En attendant, le soutien de l’OTAN à l’Ukraine passe par le versement d’une aide s’élevant à plus de 640 millions d’euros (soit plus de 700 millions de dollars américains). Différents pays membres de l’OTAN s’occupent aussi d’envoyer individuellement des équipements militaires aux hommes de Volodymyr Zelensky. L’aide étasunienne arrive largement en tête avec plus de 43 milliards d’euros d’aide militaire entre janvier 2022 et février 2024. L’UE arrive en deuxième position avec un budget de presque 28 milliards d’euros alloué au soutien militaro-logistique pour l’Ukraine. Depuis le début de l’offensive russe, c’est plus de 100 milliards de dollars qui ont été réservés à la politique ukrainienne de l’Alliance atlantique et de ses partenaires soit 99 % de l’aide militaire reçue par Kiev. Par ailleurs, les États membres de l’Alliance atlantique se sont engagés à fournir une assistance aux soldats ukrainiens pour qu’ils puissent s’émanciper de la doctrine militaire héritée de l’ère soviétique. Le but étant d’octroyer à l’armée ukrainienne une formation digne des pratiques occidentales. L’OTAN de Jens Stoltenberg a également décidé de revoir ses relations politiques avec Kiev en fondant le Conseil OTAN-Ukraine où représentants diplomatiques et politiques ukrainiens et transatlantiques se retrouvent pour prendre des décisions au sommet.
À côté du soutien prévu pour l’effort de guerre ukrainien, l’Alliance a accueilli des pays possédant une histoire particulière et des frontières directes avec la Russie. Le 4 avril 2023, la Finlande devient officiellement membre de l’OTAN et est suivie de la Suède, trente-deuxième membre de l’organisation en mars 2024. Leur adhésion fait suite à la levée du veto turc pour le premier puis de l’échec du concert turco-hongrois dans l’opposition au second.
L’actualité des derniers mois fait l’état d’un gain de tensions entre Moscou et les différents États membres de l’OTAN. Force est de constater que le discours occidental s’affermit comme en témoigne la proposition de « l’envoi de troupes occidentales en Ukraine » émise par le président de la République E. Macron affirmant ne « rien exclure ». Le chancelier allemand Olaf Scholz, le Premier ministre britannique Rishi Sunak et le président américain Joe Biden avaient fait savoir leur désaccord avec un tel déploiement à grande échelle. L’Occident ferait alors face à une absence de consensus général concernant la position à tenir face à la Russie poutiniste. Côté russe, les propos français n’avaient pas manqué d’être accueilli de manière extrêmement virulente comme le montrent les mots du vice-président de la Douma Piotr Tolstoï : « On va tuer tous les soldats français qui vont venir sur le sol ukrainien », a-t-il déclaré. Ce qui n’a pas empêché M. Macron de réaffirmer ses propos à l’occasion d’un entretien au magazine The Economist. Cette montée en puissance des tensions se déroulent sur fond d’une multiplication des exercices militaires de grande ampleur comme celui du Steadfast Defender 24 se déroulant du 21 janvier au 31 mai 2024. C’est l’exercice de l’OTAN le plus important depuis la fin de la Guerre froide et rassemble les trente-deux membres pour un entraînement des postes de commandements militaires atlantiques en Europe.
Quel bilan pour l’Alliance atlantique ?
La Guerre froide a démontré que l’OTAN était avant tout une communauté de pays désireux de sauvegarder une unité idéologique face à une menace extérieure dotée d’une puissance stratégique susceptible d’attaquer les idéaux libéraux et démocrates. L’article 5 du traité de l’Atlantique nord n’a jamais été invoqué dans le contexte de la confrontation entre superpuissances interposées. Dans cette optique, l’Alliance de l’Atlantique nord s’inscrit dans un paradigme avant tout politique lors de la Guerre froide qui institue son approfondissement à partir des années 1950. La manifestation directe de la branche militaire de l’organisation se laisse voir en 1992 dans le contexte des guerres d’ex-Yougoslavie. Durant cette période, elle est appelée à garantir la paix et la sécurité en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. Les mutations géographiques et fonctionnelles de l’Alliance post-ère soviétique permettent de constater une entrée réussie dans un monde multipolarisé mais n’est pas sans opposition russe. Par ailleurs, notre contemporanéité a parfaitement démontré que l’OTAN joue un rôle décisif dans l’évolution des relations internationales. Les origines et la progression de la guerre russo-ukrainienne sont particulièrement éloquentes en ce sens.
Quant aux sceptiques contemporains, ils font prendre conscience aux Européens qu’ils ne sont pas dépourvus de faiblesses et surtout d’opportunités dans la perspective d’une OTAN sans les États-Unis. Un avenir d’autant plus probable que le candidat républicain à la présidence américaine, Donald Trump, avait fait savoir son scepticisme quant au maintien des États-Unis dans l’Alliance. Le projet de la CED institué en 1950 et mis au placard en 1954, fait alors son grand retour dans le débat public européen. L’UE avait déjà pour objectif de renforcer sa sécurité et sa défense par le biais du plan de boussole stratégique de 2022 visant à panifier les objectifs européens pour accroitre les capacités européennes en matière de défense. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a également mis le projet d’un commissaire européen en charge de la défense sur la table. La souveraineté de l’industrie européenne dans le domaine de la défense est également un enjeu majeur. Les idées devant conduire à l’indépendance européenne pour la production d’armes remontent aux années 1990. Cependant, le contexte de la guerre en Ukraine et la livraison massive de matériels étasuniens représentant 55% des importations européennes durant ces cinq dernières années ont conduit à l’accélération des pourparlers entre États membres. À l’aube des élections européennes du 9 juin prochain et des élections devant donner un nouveau président aux États-Unis, les électeurs et partis politiques européens tiennent l’avenir de la sécurité européenne entre leurs mains.