En 2023, les agriculteurs français devraient voir leurs revenus baisser de 9% en raison d'une chute de production de 15% la même année. C’est ce constat amer du centre de recherche de la Commission européenne qui a conduit les agriculteurs en France et dans toute l'Europe à manifester massivement ces derniers jours.
L’Union européenne, responsable ?
L’agriculture est en effet une compétence européenne. C’est la nouvelle PAC (politique agricole commune) et son “pacte vert" qui dérangent majoritairement les agriculteurs. Le pacte vert vise à transformer l’agriculture européenne en une agriculture verte, intégrant de nouvelles normes européennes jugées “trop strictes et irréalisables” par les agriculteurs.
Parmi ces normes, la réduction de moitié de l’utilisation des produits phytosanitaires chimiques d’ici 2030 par rapport à la période 2015-2017. Cette norme pourrait entraîner une baisse de la production allant jusqu’à 15%, impactant considérablement les revenus des agriculteurs déjà touchés par l’augmentation du coût de l’énergie, de la main-d’œuvre et de l’alimentation animale.
Les agriculteurs dénoncent également les difficultés administratives et la multiplication des normes requises pour toucher les subventions européennes agricoles. Le patron de la FNSEA (syndicat agricole) a, par exemple, dénoncé les 14 normes différentes à respecter dans la construction des haies (ayant des vertus contre l'érosion et pour la biodiversité) pour être subventionné. Ces 14 normes, difficilement atteignables, compliquent l'obtention des subventions, alourdies par la complexité et la durée des démarches administratives, pouvant prendre plusieurs années.
Ajouter aux nouvelles restrictions européennes, s’ajoute la volonté du gouvernement français de taxer le GNR. (gaxe non routier utilisé par les agriculteurs.) Le GNR sera ainsi taxé 24,81 centimes d’euro par litre au 1erjanvier 2024, pour passer progressivement à 54,76 centimes par litre en 2030. Provoquant une nouvelle charge économique au monde industriel, déjà saturé.
Au vu des manifestations massives en France et dans toute l'Europe, des discussions sont ouvertes pour alléger les dernières restrictions. En réponse à la colère des agriculteurs, Gabriel Attal a annoncé la suppression de la taxe sur le GNR, ainsi que la simplification et l'accélération des démarches pour toucher les subventions européennes. De son côté, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé avoir "entendu la colère agricole", soulignant que "les agriculteurs méritent un salaire digne de ce nom" et qu'elle chercherait à "trouver un compromis entre écologie et respect du monde agricole".